Santé mentale
2020-05-08 - Écrit par Guillaume Charest
Malgré les campagnes de sensibilisations au travail sur la santé mentale, les journées dédiées à en parler, les politiques de portes ouvertes, on peut manquer les signes qui nous concernent personnellement. On se dit souvent: “Ça arrive aux autres, j’ai les choses bien en mains”. Enfin, c’est ce que je pensais… Comme l’indique ce site et mon premier billet, mon fils aîné a été diagnostiqué avec le diabète de type 1 en novembre 2019. Immédiatement, nous sommes entrés en mode “solution”. Je me suis mis à designer des outils pour nous faciliter la vie.
Pendant un an, nous nous sommes adaptés, nous avons changés les routines, accepté que la vie de famille allait être un peu plus compliquée.
Des choix que nous avions faits dans le passé ne pouvaient plus s’appliquer. Il fallait accepter que nous ne pourrions plus faire les choses exactement comme avant. Qu’il allait falloir se lever la nuit, pas pour rendormir un bébé mais pour gérer une hypoglycémie ou une hyperglycémie de notre grand garçon, en attendant qu’il doive à son tour prendre en charge cette condition si envahissante et méconnue. (En effet, beaucoup de gens confondent diabète de type 1 et de type 2)
Puis, un an après notre aîné, son frère est à son tour diagnostiqué. Encore une fois, on se dit: “Bon, on sait très bien comment ça se passe, on est des pros!”. Enfin, c’est ce que je me disais…
La vérité est que ça commence à faire beaucoup de gestion supplémentaire et de pression sur tout le monde (parents et enfants). Au lieu de peser les assiettes et calculer les glucides d’un seul enfant avant le repas, il faut désormais le faire pour deux des garçons sur trois. Et le petit dernier n’y comprend pas grand-chose à 2 ans. Alors, c’est de plus en plus stressant.
Finalement, 3 mois plus tard, mon père décède. Lorsque j’ai pris congé pour gérer la situation et vivre le deuil de son départ, je suis resté en contact avec mes amis et collègues du travail. Je les connais depuis longtemps et ça m’a fait du bien de pouvoir les côtoyer malgré les événements.
Malgré tout, avec la pression croissante de la dernière année et ce dernier choc, je frappais le mur quelques semaines plus tard. J’ai perdu patience par rapport à un sujet pour lequel j’ai essentiellement été le porte étendard pour le gouvernement entier. Et j’ai compris que ça n’allait plus.
Ma docteure m’a demandé de prendre du temps à la maison et de me recentrer. D’arrêter de travailler pendant quelques semaines, ce que j’avoue avoir de la difficulté à faire, même lorsque je prends des vacances.
Comme je devais commencer à me déconnecter, j’ai tout coupé. Réseaux sociaux, plateformes de communication et de messagerie, etc. En temps normal, j’aurais probablement noté le “vide” créé dans mon quotidien. La diminution drastique de notifications. Le manque d’interaction avec tant de personnes passionnées et passionnantes!
Mais nous n’étions plus en temps normal. Car à peine me suis-je retiré du travail que tout le monde a cessé de tourner. Tout le monde ou presque s’est retrouvé obligé de rester confiner à la maison. Sacrée pandémie…
Et ça incluait mes propres garçons! Coups sur coups, je suis passé de quelqu’un plein d’adrénaline en “mode solution” à quelqu’un devant prendre du recul et du temps pour soi tout en s’occupant à temps plein du développement scolaire et éducatif de ses trois enfants. En plus de devoir m’occuper de leur gestion du diabète 24 heures sur 24.
Bien entendu, je ne suis pas seul dans cette gestion familiale. Ma conjointe est extraordinaire et a su jongler avec la situation avec une aisance incroyable. Sa formation et son travail lui donne une solide base de connaissances pour la gestion du diabète de type 1 mais il n’en demeure pas moins que la théorie n’est jamais comme la pratique.
Au final, tous ces événements et le confinement m’auront démontré une fois de plus à quel point nous sommes interdépendants et combien ceux et celles qui nous entourent sont importants pour nous.